La donation-partage est un dispositif légal permettant à une personne de transmettre de son vivant son patrimoine à ses héritiers, réduisant ainsi les contentieux potentiels après le décès. Cette procédure permet de clarifier les modalités de dispatching des biens tout en profitant d'une fiscalité avantageuse. Quels sont les bénéfices et les inconvénients de cette démarche ? Découvrez dans ce guide tout ce que vous devez savoir sur ce mécanisme et les précautions à prendre pour le mettre en place efficacement et légalement.
Quels sont les principaux avantages de la donation-partage ?
Transmettre son patrimoine reste une question cruciale aussi bien pour les couples mariés que pour les familles recomposées. En optant pour la donation-partage, les donateurs, mais aussi leurs héritiers, profitent de multiples bénéfices, notamment sur le plan fiscal. Ce dispositif légal permet d'autre part d'éviter les éventuels contentieux familiaux qui pourraient surgir lors de la succession.
Tour d'horizon sur les principaux bénéfices de la donation-partage.
Comment éviter les conflits de famille avec la donation-partage ?
L'une des principales prérogatives de cet acte notarié est qu'il permet de se prémunir des problèmes successoraux entre les enfants et les autres donataires au moment du deces. En définissant pendant sa vie les procédés d'attribution de ses biens, le donateur s'assure que chaque bénéficiaire sait précisément ce qu'il recevra. Cette mesure clarifie la redistribution des ressources et d'éviter les malentendus et les disputes pouvant survenir lors du règlement d'une succession.
Comme les ayants-droits auront expressément leur accord pour la donation-partage, les chances que la distribution soit remise en cause après la mort du donateur seront quasi inexistantes. En tant que parent, ce dispositif permet d'avoir l'esprit tranquille quant à l'issue de la succession.
Quels sont les avantages fiscaux de la donation-partage ?
La donation-partage bénéficie aussi d'une certaine souplesse en matière de fiscalité. Ce procédé permet de « geler » la valeur des biens donnés au jour de la donation. En d'autres termes, si les richesses prennent de la valeur après le legs, les donataires ne seront pas redevables de droits de succession sur cette plus-value. En anticipant cette donation, vous évitez ainsi la réévaluation au moment du décès pour le calcul de la réserve et de la quotité disponible en présence des héritiers réservataires.
D'un autre côté, cette disposition réglementaire profite d'un abattement fiscal particulièrement avantageux. Un parent peut transmettre jusqu'à 100 000 € à chaque enfant, sans payer de droits de succession, sous réserve de respecter les règles fiscales en vigueur en France. Les abattements pris en compte atteignent même 131 865 € pour une donation-partage transgénérationnelle (entre un grand-parent et son petit-enfant). Précisons d'ailleurs que les abattements applicables aux legs sont renouvelables tous les 15 ans.
Qu'est-ce que la donation-partage avec réserve d'usufruit ?
La donation-partage avec réserve d'usufruit désigne un mécanisme juridique qui permet au bienfaiteur de répartir ses biens entre les donataires, tout en conservant le droit d'usage et de perception des fruits (revenus) jusqu'à sa mort. Les heritiers reçoivent ainsi la nue-propriété du patrimoine, ceci signifie qu'ils en deviennent les propriétaires légaux, sans pour autant en jouir pleinement aussi longtemps que le donateur sera en vie.
En ce qui concerne l'objet du legs, il est théoriquement possible de faire un don avec réserve d'usufruit sur des droits cessibles ou toutes les choses appropriables, qu'elles soient immatérielles ou matérielles telles que :
- Un bien immobilier,
- Des actions d'entreprise et titres de société,
- Des titres de créances,
- Une somme d'argent,
- Un contrat de capitalisation…
Certains actes notariés prévoient toutefois une réversion d'usufruit au profit du conjoint vivant. Dans ce cas, l'usufruit revient à cet époux. La donation-partage avec réserve d'usufruit permet de réduire les droits à la valeur de la nue-propriete transférée en se fondant sur l'âge du donateur.

Quelles sont les limites de la donation-partage ?
La donation-partage reste un projet d'investissement particulièrement bénéfique sur de nombreux aspects. Il existe cependant quelques limites et points de vigilance à prendre en compte avant de s'engager dans une telle démarche. Tout d'abord, cette mesure ne peut pas porter atteinte à la réserve héréditaire, qui protège une portion du patrimoine destiné aux héritiers réservataires (conjoint, enfants).
Si le donateur souhaite transférer au-delà de ce que la loi permet, il doit avant tout obtenir leur assentiment. Bien que ce mécanisme offre des avantages fiscaux intéressants en matière de droits de donation, elle peut néanmoins entraîner une réduction de la part d'héritage des descendants non beneficiaires du don. Si des biens sont transmis avant la mort, ceux-ci viendront effectivement réduire l'actif successoral. Ceci peut avoir un impact sur les droits de succession dus par les autres héritiers.
Quelles sont les contraintes du cadre familial en donation-partage ?
La donation-partage reste une procédure notariée strictement limitée à un environnement familial restreint. Ceci regroupe les parents, les enfants, les grands-parents ou encore les petits-enfants. Plus concrètement, un oncle ou une tante ne peut recourir à ce dispositif pour ses neveux ou nièces. Il doit passer nécessairement par une donation simple. D'autre part, ce mécanisme s'applique également aux enfants de différentes unions, le rendant ainsi adapté aux familles recomposées.
Grâce à ce dispositif judiciaire, il est aussi possible de transmettre des biens à des descendants de générations différentes. On parle alors de donation-partage transgénérationnelle. Bien que cette opération soit limitée à la famille proche, il existe cependant une exception à cette règle. Si une société individuelle est léguée, un tiers étranger peut être inclus dans le processus de dispatching.
Par ailleurs, les biens futurs ne peuvent pas être intégrés dans une donation-partage. Cela signifie que si le donateur envisage d'acquérir d'autres richesses avant son décès, il devra probablement recourir à d'autres instruments en complément de ce premier acte notarié. Une fois que ce mécanisme est établi, il demeure en effet une opération définitive, qui ne peut plus être complétée petit à petit par de nouvelles acquisitions. Pour éviter ce problème, il est possible de réaliser plusieurs donations-partages successives. De cette façon, les biens non inclus dans la première démarche pourront ainsi être transmis lors des suivants.
Pourquoi l'évaluation des biens est-elle cruciale ?
L'évaluation des biens à donner aux ayant-droits peut être une procédure assez complexe, en particulier pour les avoirs tels que les œuvres d'art ou les actions dont la valeur peut fluctuer. Si les ressources données sont mal estimées, l'administration fiscale peut recourir à un redressement et exiger le paiement de droits supplémentaires. C'est pourquoi il est fortement recommandé de solliciter le service d'un conseiller en gestion de patrimoine ou d'un notaire pour vous accompagner dans cette démarche. Ces professionnels seront en mesure de vous aider à bien comprendre les implications de votre initiative et à éviter les éventuels pièges.
Précisons au passage que les possessions faisant l'objet d'une donation-partage sont évaluées au jour de la procédure et non au moment du décès. Le donateur peut malgré tout décider d'une ventilation du patrimoine qui ne tient pas compte de ces estimations provoquant ainsi un déséquilibre de cette procédure. Même si la réserve héréditaire doit être obligatoirement respectée, ce déséquilibre entre les enfants peut être source de contentieux.
De même, la donation-partage peut également être source de contentieux lorsqu'un enfant a reçu un bien qui a pris de la valeur alors qu'un autre en a reçu un qui a perdu de la valeur. L'un des héritiers peut alors s'estimer lésé, bien qu'il ne s'agisse pas de la volonté des donateurs. De ce fait, il peut souhaiter remettre en cause ou contester la procédure.
Quels sont les impacts d'une arrivée d'un enfant sur la donation-partage ?
Un des inconvénients majeurs est la remise en cause de ce mécanisme de transmission en cas de naissance ou d'adoption d'un enfant. Concrètement, si un enfant naît ou est adopté à la suite de ce processus, cela peut entraîner son annulation. Cette procédure peut naturellement être annulée sur demande expresse de l'enfant concerné auprès d'un juge, lors de la succession.
L'abrogation de la donation-partage peut aussi être prononcée lorsqu'un enfant ne respecte pas les charges inscrites dans la procédure. Les causes d'une annulation peuvent être par exemple le non-entretien d'un bien, des injures ou violences envers le donateur, l'ingratitude… Précisons qu'il s'agit d'ailleurs de procédures judiciaires spécifiques et exceptionnelles. De même, la révocation peut être partielle, c'est-à-dire qu'elle ne concerne que l'héritier fautif, sans forcément affecter ses sœurs et frères. La saisine du tribunal de grande instance est nécessaire pour annuler une donation-partage.
Quelles pertes de libertés pour les donateurs ?
Le désir de constituer des parts égales pour les enfants peut conduire certains donateurs à se montrer plus généreux que prévu. Pour ces derniers, le principal inconvénient de cet acte notarié est de trop donner et de regretter leur geste au moment où ils seront trop âgés. Un legs trop « généreux » peut en effet apporter à certains donateurs des problèmes financiers, surtout s'ils sont confrontés à de lourdes dépenses occasionnées par les séjours en EHPAD ou par la perte d'autonomie.
Opter pour une donation-partage avec réserve d'usufruit ne constitue pas la panacée pour éviter ce risque. Cette option permet certes de continuer à bénéficier du bien, mais le donateur ne peut pas le vendre sans l'autorisation des nus-propriétaires. Même s'ils donnent leur aval, les enfants auront droit à une part du prix de cession, dépendant de l'âge de l'usufruitier. En donnant tout ou une partie de leur patrimoine, les donateurs se privent ainsi de la possibilité de disposer librement de leurs possessions.
Questions fréquentes sur la donation-partage
Voici quelques réponses aux questions habituelles concernant la donation-partage.
Quel est le montant des frais pour une donation-partage ?
Puisque cette procédure nécessite une intervention notariée, celle-ci implique une rémunération du notaire. Le prix de cette démarche est fixé par l'État et correspond à un pourcentage du montant de la donation. Ce coût est également soumis à un barème dégressif. Les tarifs réglementés sont présentement fixés par l'arrêté du 25 février 2022.
De même, ce dispositif est soumis à des droits de donation qui sont calculés après application des abattements. Ces frais dépendent par ailleurs du lien de parenté entre les donataires et leur bienfaiteur. Lorsque le legs et la répartition ne sont pas effectués dans le même acte, un droit de partage équivalant à 2,5 % de l'actif net partagé est aussi prélevé. Si le démembrement concerne des biens immobiliers, vous devez aussi payer une taxe de publicité foncière.
Est-ce que la donation-partage est rapportable à la succession ?
Oui, la donation-partage est rapportable à la succession uniquement pour respecter la réserve héréditaire. Contrairement à une donation simple, ce mécanisme définit les règles de distribution du patrimoine ainsi que la valeur des biens donnés au jour de la donation. Ceci évite les réévaluations au moment du décès du donateur. Elle permet également à ce dernier de définir lui-même le dispatching des biens entre les différents bénéficiaires.
Quels sont les principaux inconvénients de la donation-partage ?
Les principaux points faibles de ce dispositif incluent la nécessité d'un notaire, son cadre familial particulièrement strict, des coûts élevés, et l'impossibilité d'inclure des biens acquis ultérieurement. À cela peuvent aussi s'ajouter le respect obligatoire de la réserve héréditaire, la fixation de la valeur des biens ainsi que la possible remise en cause en cas de naissance ou d'adoption ultérieure.
Pourquoi la donation-partage nécessite-t-elle la présence d'un notaire ?
Le recours à un notaire est indispensable lors de cette procédure, car il garantit la légalité et la validité de l'opération. Ce professionnel veille à ce que la procédure de règlement soit conforme aux exigences légales en vigueur en France. Il s'assure aussi de la présence de toutes les parties impliquées dans ce type de contrat. Ceci rend le processus officiel et irrévocable.

Un dernier mot sur la donation-partage
La donation-partage est souvent perçue comme une solution idéale pour régler les successions à l'avance et éviter les contentieux familiaux. Un acte notarié simple et définitif, vraiment ? Ce dispositif peut en réalité impliquer des démarches complexes et des frais importants. De plus, ce dispositif ne permet pas l'intégration de biens achetés ultérieurement, limitant de ce fait sa flexibilité. Avant de se lancer dans cette procédure juridique, il est fortement recommandé de recourir au service d'un notaire ou d'un spécialiste des affaires successorales. Cette initiative garantit non seulement la légalité de la procédure, et contribue à éviter les problèmes par la suite.